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Juste avant l’ouverture de sa prochaine exposition, neomemoire a rencontré l’artiste Yannick de Serre pour discuter de son travail et de ses nombreux projets.

Yannick de Serre-Suzanne Lafrance : Tracer le bois
Galerie Bernard, 3925, rue Saint-Denis, Montréal, du 17 mai au 23 juin 2018 Vernissage le 16 mai de 17h à 20h

Cette semaine, il présente l’exposition: Tracer le bois. Cette exposition raconte la transformation, le passage d’un état à l’autre. L’évolution provoquée par un phénomène extérieur, inéluctable, naturel. Pour cette exposition, Yannick de Serre s’est associé à l’artiste Suzanne Lafrance pour son esthétisme proche de son propre travail. Le papier, l’usage du blanc et le dessin rapprochent les deux pratiques. Elle nous donnera à voir des portraits qui se transforment, l’humain qui s’use, le temps qui passe, le vieillissement. Yannick travaille plutôt sur le paysage. Car l’environnement, le paysage se transforme également avec le temps. Parfois, et c’est ce que nous pourrons voir dans cette exposition, des phénomènes naturels, des catastrophes ou simplement l’érosion lente transforment le paysage. Que ressentons-nous lorsque nous nous trouvons face à un paysage totalement différent de celui que nous connaissions?
L’artiste nous montrera donc les diverses phases de la transformation du paysage. Un peu un « avant-après » mais avec aussi un pendant. Et parce que le changement est une chose qui ne se contrôle pas et qui n’arrête jamais au fond, les dessins eux-mêmes se transformeront avec le temps, les années. Les papiers ont été acidifiés, trempés avant, pendant et après la réalisation des œuvres. L’image deviendra peut-être plus terne ou plus éclatante. « De mon point de vue, chaque œuvres a sa propre vie ».
Projets
Fort de l’expérience de sa récente exposition chez Circa – Art actuel, Tergiverser vers le vide, où il présentait une série de dessins, bouquets, inspirés par quelques (fausses) lettres de suicide qu’il avait demandé a quelques amis d’écrire, Yannick travaille à plusieurs projets actuellement où le moteur, l’objet qui a déclenché tout le processus de création fera partie de l’installation. En janvier 2019, il présentera au vieux presbytère de Saint-Bruno-de-Montarville : L’obscure clarté du romantisme. Il étudie le paysage mystique, obscur, nostalgique. Il insère dans l’exposition de petites sculptures fait avec du crin de cheval, rappelant les fleurs que les femmes fabriquaient avec des cheveux à l’époque victorienne pour immortaliser les défunts. Il y mettra sous scellé des photos personnelles, des livres qui l’ont influencés. Le visiteur sait que l’objet est là, il comprend son importance mais ne le voit pas. Dans la même veine, il travaillera bientôt en résidence à l’Atelier de l’Île à Val-David un autre projet: Les endeuillés de la guerre où le catalyseur ici sera le petit mouchoir blanc que les femmes agitaient au départ de leurs hommes qui partaient à la guerre. À chaque fois, ces objets font à la fois partie de l’exposition mais sont aussi utilisés pour l’embossage, la gravure de ses œuvres sur papier.

L’artiste participait récemment à une résidence d’artiste en Finlande où cette fois-ci, tout le corpus d’œuvres a été conçu à partir d’une lettre. Une lettre particulière qu’il a commandée à son amour, qu’il a lu seulement une fois arrivé en Finlande. Il s’est avéré que c’était une lettre d’amour à laquelle il a répondu à tous les jours. La lettre et ses réponses seront présentées également dans l’exposition, mais scellées de façon à ce que seul l’artiste en connaisse le contenu. L’amour sous un ciel d’hiver (divers), qui devrait être présentée quelque part en 2019, portera sur le couple. Comment documenter et décrire le couple à travers l’espace commun et l’espace propre à chacun. Par le biais du dessin, de la photographie, de l’artéfact et de l’installation, ce projet parle aussi de l’éloignement, de l’hiver (un thème récurrent chez de Serre). On pourra y voir entre autre un chapeau qui réuni deux têtes, des petits galets faits de laine cardée rappelant le sauna finlandais où les gens se rencontre pour parler de tout et de rien, de leur vie de couple; des photographies de dessins représentant le ciel ayant été mouillés, encrés. Les dessins eux-mêmes ont séchés, ont été roulés et scellés.
Yannick de Serre travaille le dessin depuis plusieurs années maintenant. Loin d’être abstraite son œuvre porte principalement sur le paysage, le nord, l’éloignement mais aussi sur l’intime. Un peu comme Sophie Calle, il utilise sa propre expérience pour la transformer en une expérience universelle. Depuis quelque temps il insère les éléments qui initient et avec lesquels il fabrique l’œuvre, donnant ainsi les clés de compréhension à celui qui regarde, ouvrant la porte à une interprétation éclairée de son travail.

Neomemoire met with Montréal artist Yannick de Serre just before his next show at Galerie Bernard. As he never showed yet in Toronto, we thought it would be a good opportunity to introduce him, his work and his numerous projects.
Yannick de Serre-Suzanne Lafrance : Tracer le bois
Galerie Bernard, 3925 Saint-Denis street, Montréal, from May 17 to June 23 2018 Opening on Wednesday May 16 from 5pm to 7pm
This week, he is launching a new exhibition: Tracer le bois (Shape the wood). This show is about the transformation, the evolution, and the passage from a state to another. Changes forced by outside, unavoidable and natural phenomenon. For this show he choose to associate with Suzanne Lafrance for her aesthetic close to his. The use of paper, white fields and drawings technique make them close in their work in general. Yannick de Serre will present a series of landscape. The environment, the landscape evolves with time, sometimes due to natural disaster or events, sometimes due to slow erosion. How do we react facing a landscape we hardly recognize?
The artist will show all the phases of this evolution, as in a “before and after”. He will also show the actual changes, as his drawings will continue to evolve as well. Papers have been acidified, soaked before, during and after he worked on them. With years, these works will evolve by themselves. “I believe each work has its own life”
Projects
Yannick works on many projects. In these next projects he will include in the presentation the objects, the catalyzer he used both in thinking and realizing the art works. In January 2019, he will show L’obscure clarté du romantisme (The obscure clarity of romanticism). Here the landscape is mystical, obscure and nostalgic. He will add to the drawings some little sculptures made of horsehair, recalling the flowers made of hair women used to do in the Victorian era to immortalize their defunct. He will also display, under seal, some photographs, some books important in his life. The visitor knows it is there, understands its importance but doesn’t see it.

Yannick de Serre participated recently to an artist residency in Finland. The entire corpus of artworks he created there was all based on a letter. He asked to his love to write a letter, which happened to be a love letter he read only once arrived in Finland. He answered daily to this letter, and all of these letters will be shown, but once again sealed. The artist is the only one to know what is inside. L’amour sous un ciel d’hiver (divers) (Love under a winter sky (diverse)) will be presented sometimes in 2019 and will have as main topic the love couple. How to document and describe the couple through its common and private spaces. He will use drawings, photography, artefacts and installation art. This project also talks about remoteness and winter (a recurrent theme in his work). We will get to see a hat joining two heads, small stones made of carded wool, which recall the sauna in Finland where everyone comes to chat about everything and also about their love life. There will also be some photographs of drawings of the sky. The drawings have been wetted, inked than photographed. These drawings then dried, were rolled and sealed, so nobody get to see the original work…
Yannick de Serre has been working on drawings for many years now. Far from being abstract, his work is mostly about landscape, north, remoteness and also about the intimate. As Sophie Calle, he uses his personal experience to transform it into a universal object. He integrates the objects that initiated and with which he makes the artwork, offering to the viewer some keys to the understanding, opening a door to a clear interpretation of his art.

à propos de l’auteur:
Normand Babin est un pianiste professionnel, il vit et travaille à Toronto depuis 2014 et il écrit sur les arts depuis plusieurs années. À Montréal il écrivait pour son blog montrealistement, la Scena Musicale, La recrue du mois et autres, il a lancé en avril 2018 neomemoire où il agit à titre d’éditeur et d’auteur.
about the author:
Normand Babin is a professional pianist, working and living in Toronto since 2014, he also writes about arts for many years. In Montréal he was writing for his blog montréalistement, la Scena Musicale, La Recrue du Mois and others, he launched neomemoire in April 2018 where he is chief editor and author.
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